Comment rebondir après une fin de carrière difficile - Alphonse

Licenciement, burn-out, placardisation… Certaines fins de carrière se terminent en beauté et d’autres en eau de boudin. Pas toujours évident de continuer son bout de chemin après ces moments délicats et parfois même traumatisants. Alors, comment rebondir après des dernières années de vie pro compliquées ? On est allés voir du côté de celles et ceux qui ont vécu cette situation pour mieux la comprendre.

Publié en Fév. 2021
Par Tessa Georges Tessa Georges

Fév. 2021

Tessa Georges

Tessa Georges

Rédactrice

Entre traumatisme et résilience

Plus je vieillissais, plus je sentais qu’on me mettait à l’écart. Cela a été un sentiment d’échec très dur” raconte Séverine, tout juste retraitée d’un grand groupe de communication.

Un concours de circonstances a fait que je me suis retrouvée avec une charge de travail conséquente. J’ai compris que j’étais en train de faire un burn out car j’étais émotive, j’étais épuisée, j’avais peur de faire une faute et de ne pas être à la hauteur” témoigne Christine, en fin de carrière dans le milieu de l’action sociale.

Pourquoi certains événements professionnels nous semblent insurmontables ? Marina Blanchart, psychologue, apporte des éclairages sur le sujet :  “ce qui fait trauma c’est lorsque la personne vit dans sa vie un événement qui ne colle pas à sa vision du monde, à son plan de vie. Et plus l’écart est grand, plus c’est dur, car l’émotion est plus forte. Cela marque souvent la fin de quelque chose. Le problème ne vient pas de l‘émotion elle-même, mais de la gestion de cette émotion.
Tout comme un divorce ou la perte d’un emploi, une fin de carrière compliquée amène “un moment de déstabilisation et de dévalorisation qui peut conduire à une perte d’estime de soi” précise le psychiatre et écrivain Michel Debout.

La note positive dans tout cela ? L’être humain est capable de surmonter une épreuve particulièrement difficile de la vie et de se reconstruire. C’est ce que l’on appelle la résilience.

5 clés pour aller de l’avant
  • 1

    Extérioriser vos ressentis pour “faire le deuil”

    Christine explique que pour partir du bon pied, “il faut accepter la situation, sans aucune culpabilité, pour faire ensuite son propre bilan de conscience.

    L’idée ? Mettre des mots sur vos maux pour accepter que tout ne se soit pas déroulé comme sur des roulettes. Cette phase est clef pour pouvoir vous investir de nouveau dans autre chose. Comment y parvenir ? En prenant une feuille et en vidant votre sac. Colère, peur, tristesse, honte… Coucher sur le papier vos ruminations devrait être libérateur. Pour creuser davantage vos émotions et pour chaque mot que vous écrivez, vous pouvez vous demander “pourquoi ?”. Par exemple : “Pourquoi cela me met en colère ? Car j’ai eu l’impression de ne pas avoir compté pour mon entreprise alors que j’ai tout donné”.

  • 2

    Prendre du temps pour vous 

    Après mon burn-out, j’ai compris qu’il fallait que je pense à moi. J’avais peur au début d’être égoïste mais en fait pas du tout, c’est juste se faire du bien pour comprendre l’essentiel” nous confie Michel, tout juste retraité et pour qui la fin de vie professionnelle n’a pas été de tout repos. 

    Après un événement difficile, vous accorder du repos et des petits plaisirs est essentiel. Pourquoi ? Car c’est ce qui va vous faire prendre du recul sur la situation. Une séance de sport, une sortie cinéma, un repas avec votre frère, peu importe de quoi il s’agit, le but est de vous changer les idées et de vous ressourcer. 

    Pour Michel, “le yoga a été salvateur, que ce soit au niveau du moral ou des relations sociales, je me suis retrouvé”.

  • 3

    Tirer les enseignements de ce qu’il s’est passé

    Au final, ce que cela m’a appris c’est que le travail n’est pas la vie. Et surtout qu’il fallait que j’en profite” poursuit Michel.

    Pour mieux digérer votre expérience et vous déculpabiliser, on vous conseille de penser à ce qu’elle peut vous apprendre sur vous-même. Par exemple, c’est ce qui peut vous permettre de comprendre ce dont vous avez envie et pas envie pour vos futurs projets. Petite astuce : une fois que vous avez listé ces éléments, vous pouvez les hiérarchiser. De cette manière, vous gardez en tête les points les plus importants sur lesquels vous ne voulez pas faire de compromis par la suite. 

    Pour Christine, cela lui a permis de comprendre qu’elle n’avait plus envie de travailler à temps complet : “Cela m’a appris que je m’étais trop négligée avant. Cela m’a fait changer ma vision de l’aide : j’ai toujours envie d’aider d’autres personnes dans mes projets mais en me mettant des limites pour être bien. Cela m’a également rassuré sur ma future retraite car lors de mon arrêt maladie, j’ai pris tellement de plaisir en dehors du travail, à prendre le temps et à me sentir utile autrement.” 

  • 4

    Vous lancer dans de nouvelles activités

    Selon Michel, “l’important c’est de ne pas avoir peur de se surprendre. Par exemple, je me souviens être tombé sur un prospectus de tantra et je me suis dit “tiens si j’allais essayer”. Cela m’a fait un bien énorme. J’ai retrouvé une facilité à m’exprimer avec les autres alors qu’à l’origine je suis un trouillard du téléphone.“ Quant à Christine, “c’est en m’inscrivant au parcours Alphonse que j’ai vu qu’on pouvait faire plein d’autres choses. Cela m’a aidé à désidéaliser le travail pour réinvestir d’autres champs de ma vie que j’avais mis de côté, comme l’art et la randonnée par exemple – cela m’a redonné de l’énergie. En quelque sorte cela m’a réveillé”.

    Comme ils le disent si bien, bien que dur à encaisser, une fin de carrière compliquée peut être l’occasion d’ajuster vos projets et de vous découvrir toujours plus. Vous lancer de nouveaux petits défis est important pour élargir votre horizon et tourner la page en douceur.

    En panne d’idées ? Pas d’inquiétude, cela arrive. De notre côté, on a dégoté un florilège d’activités originales pour pimenter vos journées.

  • 5

    En parler autour de vous

    “Quand on est mal on se recroqueville un peu sur soi, on devient taciturne et donc il faut trouver des soutiens. En discuter avec son entourage peut faire du bien. J’avais peur au début de les embêter mais en fait pas du tout. Et si vraiment on tourne en rond, ne pas hésiter à se faire aider. Depuis que je vois ma thérapeute, cela m’a rendue optimiste”
    précise Michel.

    Qui dit traumatisme dit souvent blessure. Parfois, une oreille attentive est nécessaire pour dépasser les blocages. Si vous en ressentez le besoin, vous pouvez faire appel à des spécialistes qui vous accompagneront pour entamer une forme de reconstruction.

    Un dernier conseil pour la route : celui de Christine, pour qui, “il ne faut pas avoir honte d’en parler autour de vous. Moi j’ai été sincère avec moi-même, j’ai dit à mes amis du village que je n’allais pas très bien et j’ai été très touchée par l’élan de solidarité. Maintenant, je vois aussi une psychiatre et grâce à elle j’ai compris qu’il ne fallait pas que je sois toujours parfaite, qu’il fallait que je m’aime et que je sois bien dans mes baskets.

Pour aller plus loin
  • Un peu de cinéma : une vidéo sur la résilience. Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik explique concrètement ce que l’on met derrière ce terme. La phrase que l’on retient ? “La résilience c’est peut-être une autre façon de dire que vous gagnez une forme de sagesse.

  • Un peu de lecture : Burn-out – mieux vaut prévenir que guérir, un article du média Welcome to the jungle, spécialiste du travail. Pour faire un petit tour d’horizon des signes avant-coureurs du burn-out mais aussi des pistes d’action pour y remédier.

D’autres personnes sont passées par ces moments plus ou moins compliqués. Vous aimeriez en discuter avec elles ? C’est possible en cliquant sur le bouton ci-dessous :

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