L’interview du docteur Floriane Dion
Floriane se définit comme un médecin globaliste. Selon elle, la gestion du stress est une question d’équilibre. On vous laisse découvrir son interview en vidéo.
1. Le burn-out, c’est quoi au juste ?
Selon une étude réalisée début 2022 par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine, 34 % des salariés seraient en burn-out dont 13 % en burn-out sévère, soit 2,5 millions de personnes. Mais qu’est-ce qui se cache derrière cette formule anglo-saxonne ?
À l’origine, ce terme a été inventé par l’industrie aérospatiale pour désigner une fusée qui décolle, dont le carburant vient à s’épuiser avec comme conséquence la surchauffe du moteur et le risque d’explosion de l’engin. Et concrètement docteur, ça donne quoi ?
« Le burn-out est un processus d’épuisement global du fait de l’exposition à un stress chronique. Ce stress peut se retrouver dans un environnement professionnel mais également dans des situations de parentalité, d’aidance ou encore d’engagement associatif.
Avant de continuer, il est important d’expliquer la différence entre le stress aigu et le stress chronique. Le stress aigu agit comme un pic lié à un événement ponctuel comme une échéance professionnelle par exemple. Il disparaît quand cet événement prend fin. Ce stress n’est pas forcément toxique, c’est parfois même un vecteur de motivation. Le stress chronique, lui, est une réponse de notre organisme à une situation qui s’installe dans la durée comme un mauvais rapport avec sa hiérarchie. Cette “menace” extérieure est très mal accueillie par notre corps, donnant lieu à plusieurs symptômes pouvant mener au burn-out. »
2. Quand faut-il tirer la sonnette d’alarme ?
Comme le stress s’invite très régulièrement dans notre environnement professionnel, il est parfois difficile de savoir quand il devient dangereux. Alors quand faut-il s’inquiéter ?
« Avant d’arriver au burn-out, il faut savoir qu’un organisme exposé au stress chronique passe par différentes phases, trois exactement.
La phase 1 : la phase d’alarme. Cette phase correspond à l’apparition du stress chronique dans votre environnement professionnel. Cela peut correspondre à de nouvelles missions dont les objectifs vous semblent insurmontables.
La phase 2 : la phase de résistance. Le stress commence à s’installer dans la durée et votre corps le rejette. Vous commencez à vous sentir dépassé(e) et la fatigue commence à se manifester. Pour prendre un exemple, c’est comme si vous acceptiez votre état de surmenage pour faire vos preuves auprès de votre employeur, quitte à y laisser quelques plumes.
La phase 3 : la phase d’épuisement qui peut être divisée en 2 phases :
– burn-in : épuisement psychique
– burn-out : épuisement psychique + épuisement physique
C’est au cours de la phase 3 que les symptômes sont les plus importants : irritabilité, fatigue intense, anxiété, troubles de la mémoire, troubles de la concentration, trouble de l’alimentation ou encore troubles cardio-vasculaires.
Pour éviter le burn-out, il est donc important d’identifier les premiers signes de fatigue régulière ou l’apparition de nouvelles douleurs physiques.
La question que j’ai l’habitude de poser à mes patients qui me consultent pour un risque de burn-out est : Vous reconnaissez-vous en ce moment ?
Quelqu’un qui souffre d’épuisement manifeste un certain nombre de changements. Il y a des signaux que l’on peut repérer et qui nous font nous dire qu’on ne se reconnaît plus. »
3. Comment faire pour se prémunir contre le burn-out ?
Chez Alphonse, on a tendance à mettre l’accent sur l’importance de l’équilibre personnel et professionnel. C’est d’ailleurs pour cela que l’on propose un bilan de compétences, afin que chacun(e) puisse trouver la formule qui lui correspond en fin de carrière. La gestion du stress passe-t-elle également par cet équilibre ?
« La régulation du stress pose la question des ressources. Il s’agit donc de trouver l’équilibre entre ce qui génère le stress (stresseurs) et ce qui permet de s’y adapter (les ressources). Par exemple, si votre travail devient ingérable (stresseur), il est primordial d’identifier les solutions (ressources) que vous pouvez mettre en place pour faire face à la situation. Cela peut-être par exemple d’adapter votre temps de travail (en le réduisant si votre employeur l’autorise), de changer de missions ou de transmettre vos compétences au sein de l’entreprise. Et comme on parle du milieu professionnel, il est important de dire aussi que la “perte de sens” liée à son activité peut entraîner ce qu’on appelle le brown-out. Cela se traduit par une démotivation importante et une baisse d’énergie. Pour éviter que la situation empire, il est important de réagir en enclenchant des démarches concrètes.
Les ressources peuvent également se trouver ailleurs que dans votre sphère professionnelle. Vous pouvez vous fixer des routines personnelles comme des temps de repos programmés, des exercices de respiration ou de méditation. Selon moi, la discipline est la clé, c’est d’ailleurs pour cela que je mets l’accent sur la triade de l’hygiène de vie : sommeil, alimentation et activité physique. Enfin, le dialogue avec son entourage peut jouer un rôle déterminant dans la prévention des pathologies liées au stress.
Pour conclure, je dirais que le stress n’est pas nécessairement toxique. Il l’est si nous ne parvenons pas à y faire face et qu’il dure. Il s’agit donc de trouver les occasions d’être en zone de défi plutôt qu’en zone de panique pour élargir sa zone de confort petit à petit. »
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Un peu de cinéma : 3 films qui bousculent les idées reçues autour du stress.
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Le témoignage d’un ancien participant : Patrick nous parle de son burn-out dans cette vidéo.