Comment gérer la solitude - Alphonse

Ce qui me fait le plus peur, c’est que la solitude soit amplifiée lorsque je passerai à la retraite” raconte Nadine, bientôt retraitée. Que ce soit lié à un divorce, la perte d’un proche, la fin de carrière ou même au quotidien, le sentiment de solitude peut être difficile à vivre. D’où vient cette peur de se sentir seul·e ? Et comment l’apprivoiser ? Pour le savoir, on a fait des recherches auprès d’experts et on vous livre ici nos apprentissages.

Publié en Jan. 2021
Par David Papo David Papo

Jan. 2021

David Papo

David Papo

Rédacteur

Vous n’êtes pas seul·e à vous sentir seul·e

Dans une étude de la Fondation de France, on découvre, qu’en 2020, plus de 7 millions de Français se trouvent en situation d’isolement, soit 14% des Français, contre 9% en 2010. Cela est lié à l’impact de la crise sanitaire actuelle, mais pas que. Sylvain Bordiec, docteur en sociologie, explique : “il existe un certain nombre de déterminants encastrés les uns dans les autres pour expliquer cette hausse”. Par exemple, le fait que notre société soit centrée sur l’individu et la performance joue beaucoup : “Quand toute l’énergie est dépensée à garder son travail, à aller à son travail, il reste moins de temps pour les sociabilités.

Ce sentiment de solitude diffère selon chacun·e d’entre nous. Cécile Van de Velde, professeure de sociologie, nous éclaire là-dessus : “ Il y a solitude quand on manque de lien, mais il peut aussi y avoir la solitude de l’excès de lien. Je m’explique : les mères seules, ou encore les aidants vivent la solitude de l’hyper-responsabilité. Ils se diluent, se perdent dans cette relation qui les absorbe.” 

Rien de nouveau sous le soleil, avoir une vie sociale, cela nous rend heureux. “Le fait d’échanger, de partager, d’être entouré, de se sentir reconnu a un impact sur la santé physique tout autant que psychique” précise Muriel Valentin, sophrologue. Le point positif dans tout cela ? C’est que la solitude n’est pas une fatalité et qu’il est possible d’amorcer le changement par petites touches au quotidien.

Nos conseils pour agir contre le sentiment de solitude
  • 1

    Creuser vos besoins

    L’idée ? Identifier le besoin ou le manque le plus important et/ou le plus pénible pour vous. Pour y parvenir, vous pouvez commencer par vous demander : “qu’est-ce qui fait que je me sens seul·e ?” Par exemple : “depuis que j’ai quitté mon entreprise et que je n’ai plus de contacts quotidiens avec mes collègues” ou “depuis mon déménagement”  ou encore “depuis que j’ai quitté mon conjoint et que je vis seule”. Une fois que vous avez tout noté, vous pouvez hiérarchiser selon ce qui vous apparaît comme le plus difficile.

    En faisant cela, vous ne verrez plus votre solitude comme une montagne impossible à gravir mais plutôt par étapes.

  • 2

    Cultiver une attitude positive

    La solitude a tendance à nourrir des sentiments de frustration, d’injustice et d’aigreur. Pour ne pas vous laisser submerger par ces pensées négatives, il faut faire preuve de bienveillance envers vous-même et ce qui vous entoure.

    Pour cela, on vous invite à prendre quelques minutes tous les soirs pour réfléchir à un ou des bons moments dans votre journée. Par exemple : “un appel inattendu d’un ami”, “mon trajet à pied sous le soleil pour aller au travail” ou encore “ma séance de yoga” etc. Vous allez voir, cela devrait vous aider à avoir un regard plus positif sur votre quotidien. Et c’est ce nouveau regard qui vous permettra d’aller vers les autres plus facilement ensuite.

    Petite astuce : mettre à l’écrit ces moments et les détailler peut être une bonne idée pour les relire en cas de coup de blues.

  • 3

    Changer de regard sur la solitude

    “J’ai toujours eu peur d’être seul·e mais après ma rupture je me suis rendue compte que cela m’apportait également une certaine liberté” nous confie Dominique, jeune retraitée.

    La solitude a aussi ses petits avantages. Pour en prendre conscience, on vous conseille de lister tout que vous pouvez ou pourriez faire justement parce que vous êtes seul·e. Pour Dominique, cela passe par de petites choses comme par exemple “la possibilité de choisir le film du soir que je veux regarder depuis longtemps” ou des plus grosses comme “d’avoir choisi de déménager à Paris, la ville où j’ai toujours voulu vivre”.

    Les moments de solitude sont mieux vécus s’ils sont vus comme des opportunités et non comme des contraintes.

  • 4

    Prendre soin de vous 

    Plus on se sent seul·e, moins on a d’estime pour soi-même. Pour renouer avec les autres, il est important de prendre soin de vous physiquement et mentalement avant tout. Comment ? En vous faisant plaisir. Pour commencer, vous pouvez faire la liste de ce qui pourrait vous procurer du bien-être au quotidien. Par exemple : prendre un bon bain, lire votre livre préféré, aller chez le coiffeur, faire un tour au parc.

    L’écrivaine Jacqueline Kelen explique d’ailleurs les bienfaits de ce petit exercice : “La solitude nous offre cette belle leçon : il faut d’abord attendre de soi et non des autres. Il faut d’abord savoir compter sur soi et s’aider soi-même. Et les autres viendront vers vous car ils ne seront pas là pour, en premier lieu, combler vos manques ou animer votre vie”.

  • 5

    Prendre soin des autres

    Comme le précise la professeure Cécile Van de Velde, “la solitude peut venir d’un sentiment douloureux d’inutilité sociale”. Vous engager pour les autres peut être une clef pour renforcer l’estime de vous-même et sortir de l’isolement relationnel.

    Par où commencer ? Vous pouvez vous demander “comment est-ce que je pourrai aider et soutenir autrui ?” À ce sujet, on a déniché tout un tas d’activités comme apprendre le bricolage à des enfants ou soutenir les agriculteurs du coin. Il se pourrait bien que cela vous souffle quelques idées.

  • 6

    Favoriser les liens de votre vie de tous les jours

    Enfin, pour nourrir votre besoin de relations, rien de mieux que d’entamer la conversation avec votre voisine ou esquisser un sourire à votre boulanger. L’objectif ? “Prendre conscience que vous êtes capables d’interagir avec les autres” explique la sophrologue Muriel Valentin.

    Le but n’est pas de nouer un lien profond mais d’avoir toujours à l’esprit qu’une vie sociale se construit par plein de petits chemins différents.

Il est possible que certaines personnes aient besoin d’un coup de pouce supplémentaire pour avancer sur ce sujet. Pas d’inquiétude, c’est tout à fait normal. Dans ce cas, se faire accompagner par des sophrologues, psychologues ou coachs peut être une bonne solution pour aller de l’avant.

Pour aller plus loin
  • Un peu de cinéma : Micheline, jeune retraitée, vous raconte comment sa vision du couple et de la « solitude » a évolué lorsqu’elle est passée à la retraite. Vous pouvez découvrir l’histoire de Dominique, tout juste retraitée, qui a pris goût à sa nouvelle liberté.

  • Un peu de lecture : plusieurs personnes retraitées se sont questionnées sur les rencontres après 60 ans. On vous propose de découvrir leurs témoignages et pourquoi pas participer à la discussion.

  • Un peu de concret : la ligne Solitud’écoute au 0 800 47 47 88. Ce numéro est gratuit, anonyme, confidentiel et ouvert tous les jours de 15h à 20h. Vous pouvez échanger avec des bénévoles et recevoir un véritable soutien .

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