La réforme sous toutes ses coutures

Si vous êtes né(e)s après le 1er septembre 1961, il est plus que probable que vous soyez concerné(e)s par la future réforme. En effet, l’âge légal de départ en retraite ainsi que le nombre de trimestres pour parvenir au taux plein seraient rallongés. On a passé tout cela au peigne fin.

I/ 64 ans à l’horizon 2030

Aujourd’hui, l’âge légal à partir duquel vous pouvez liquider votre retraite est de 62 ans (sans forcément parvenir au taux plein). La volonté de la réforme est de rallonger cet âge butoir d’un trimestre par an et par génération, en commençant par les personnes nées après le 1er septembre 1961. Cette progression devrait prendre fin en 2030 et concerner toutes les personnes natives de 1968 (et plus) pour lesquelles l’âge légal de départ en retraite serait de 64 ans.
Afin d’y voir plus clair, on vous a concocté un tableau récapitulant l’âge légal de départ en retraite en fonction des générations : 

II/ Le taux plein voit son nombre de trimestres augmenter

Si l’âge légal de départ en retraite va être étendu, il en est de même pour le nombre de trimestres donnant droit à une retraite à taux plein (sans minoration définitive pour manque du nombre de trimestres requis). Si vous êtes né(e) après le 1er septembre 1961, il vous faudra un trimestre de plus (soit 169 trimestres contre 168 aujourd’hui) pour pouvoir prétendre au taux plein. En fonction des générations, le rythme d’augmentation semble inégal, voilà pourquoi on a décidé une nouvelle fois de vous présenter les choses sous forme de tableau :

III/ La retraite à taux plein systématique maintenue à 67 ans

Dans les remous de la réforme, tout ne va pas changer. En effet, toutes les personnes n’ayant pas assez de trimestres pour prétendre au taux plein pourront toujours déposer leur demande de retraite à 67 ans avec une annulation de la décote et des minorations comme c’est le cas aujourd’hui.

IV/ Quid des carrières longues ?

Aujourd’hui, le départ anticipé pour carrière longue concerne 1 Français sur 5 soit environ 125 000 personnes en 2021. Pour pouvoir en bénéficier, il faut avoir commencé à travailler et donc à cotiser assez tôt.

Quels sont les paliers d’âge qu’il existe aujourd’hui ?
– 58 ans si l’on a validé des trimestres (4 ou 5 en fonction de sa date de naissance) avant 16 ans;
– 60 ans si on les a validés avant ses 20 ans (plus précisément avant la fin de l’année de son 20^e anniversaire).

Qu’en sera-t-il si la réforme est votée ?
Et bien un 3ème pallier pourrait venir s’ajouter aux deux existants :
– 58 ans si l’on a travaillé avant 16 ans;
– 60 ans si l’on a travaillé entre 16 et 18 ans;
– mais 62 ans si l’on a travaillé entre 18 et 20 ans.

V/ Retraite progressive et Cumul Emploi Retraite

La retraite progressive (dispositif permettant d’aménager son temps de travail en prévision d’un départ en retraite) ainsi que le Cumul Emploi Retraite (dispositif autorisant le travail à la retraite) seraient également réformés de la manière suivante :
– possibilité de faire une demande de retraite progressive 2 ans avant le nouvel âge légal;
– possibilité de mettre en place un temps partiel (via la retraite progressive) inférieur à 40% de votre durée de travail à temps complet;
– si votre employeur refuse votre demande de retraite progressive, il devra justifier que l’activité économique de l’entreprise ne permet pas cette demande;
– la retraite progressive serait étendue aux fonctionnaires;
– le Cumul Emploi Retraite génèrerait de nouveaux droits pour votre retraite (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui).

VI/ Le statu quo

Comme le départ à taux plein automatique maintenu à 67 ans, d’autres antécédents semblent résister au vent de la réforme. Voici un petit tour d’horizon de ce qui ne devrait pas bouger :
– départ maintenu à 62 ans au taux plein pour les personnes en situation d’invalidité ou déclarées inaptes au travail;
– maintien des départs anticipés pour situation de handicap, les salariés soumis à des facteurs de pénibilité ou les travailleurs exposés à l’amiante.

VII/ Un mot sur la pension de retraite “minimale”

Si la réforme est votée, le montant de la pension de retraite minimale sera revalorisé. En effet, si vous avez une carrière complètement cotisée sur la base du SMIC, votre pension de retraite ne pourra pas descendre en dessous d’un montant équivalent à 85% du SMIC net.
Pour avoir une idée des aides financières qui existent aujourd’hui, on vous propose de jeter un œil à notre article sur le sujet. 

Le mot d’Alphonse

« Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. »
Si Socrate nous invitait déjà à la prudence en son temps, tous les points évoqués dans cet article sont à prendre avec des pincettes tant que le projet de réforme ne sera pas voté.
Ce que l’on sait néanmoins c’est que l’anticipation dans la préparation de votre fin de carrière demeure nécessaire. En effet, l’ensemble des caisses de retraite et les dispositifs associés risquent d’être pris d’assaut. Et les changements charriés par la mesure pourraient entraîner des réajustements importants et donc des retards dans le traitement de votre dossier de retraite.
Pour avoir une première idée de l’impact que le projet de loi pourrait avoir sur votre départ en retraite, on vous invite à jeter un oeil au simulateur suivant proposé par l’Assurance retraite : https://la-reforme-des-retraites-et-moi.fr/  
Au fil des futures annonces gouvernementales, on vous tiendra informé(e)s des décisions pérennes et des conséquences induites sur votre situation afin que vous puissiez continuer à avoir toutes les cartes en main dans la préparation de votre future retraite.