Quels sont les meilleurs dispositifs pour lever le pied en fin de carrière ? - Alphonse

D’un côté, vous avez envie de lever le pied pour vos dernières années professionnelles. De l’autre, tout plaquer pour élever des alpagas en montagne ne semble pas être une option viable financièrement. On donne quelques pistes pour concilier vos aspirations et vos intérêts.

Publié en Avr. 2024
Par Hélène Roisin Hélène Roisin

Avr. 2024

Hélène Roisin

Hélène Roisin

Rédactrice

En fin de carrière, on ressent parfois le besoin de ralentir le rythme professionnel. Comme si le tempo s’était soudain accéléré et qu’on avait du mal à reproduire une chorégraphie pourtant maîtrisée jusqu’ici. On donne le maximum pour enchaîner les pas, mais on sent qu’on peut trébucher à tout moment. Cet inconfort, il peut s’expliquer par plusieurs raisons. Parce qu’on n’a plus envie d’être sous pression, parce qu’on souhaite avoir plus de temps pour soi, ou encore parce qu’on ressent une fatigue sous-jacente, parfois liée à des problèmes de santé. Pour Thierry, ancien participant de notre parcours, c’est ce dernier aspect qui a primé : « Quand j’ai été frappé par la maladie, ça m’a mis face à la réalité. J’ai compris que je devais tout faire pour m’économiser. Aujourd’hui, ce que je veux, c’est arriver en bonne santé à la retraite. » Pour Eric, c’est la charge de travail qui a fait pencher la balance : « Je bossais 45/50 heures par semaine, et c’était toujours le stress de savoir si j’allais avoir mon bonus ou pas. Arrivé à un moment, ça devenait compliqué à gérer. » Vous aussi, vous aimeriez peut-être trouver le rythme qui vous convient. Mais peut-on vraiment travailler moins (ou en tout cas moins intensément) sans perdre au change côté revenus et/ou stimulation intellectuelle ? On vous présente les options qui s’offrent à vous, des plus extrêmes aux plus innovantes.

#1 Tout plaquer et poser sa démission

La métaphore sur la musique vous est montée à la tête et vous voulez tout quitter pour devenir danseur professionnel ? Pas sûr que ce se soit un franc succès. Une démission doit être mûrement réfléchie, qui plus est en fin de carrière où l’embauche peut malheureusement s’avérer plus compliquée. On pense aussi à l’impact sur la validation de vos trimestres (et donc sur votre date de départ en retraite), ou sur votre salaire annuel moyen (et donc sur le montant de votre retraite).

#2 Passer à temps partiel

Si l’idée de travailler moins vous emballe, le temps partiel pourrait bien vous faire déchanter. D’abord, il entraîne une baisse significative de revenus, ce qui peut être compliqué à gérer si vous avez des obligations financières – ou si vous avez prévu des vacances aux Maldives. En plus, il peut avoir des conséquences sur vos droits à la retraite, notamment sur le montant de votre pension complémentaire puisque vous acquérez moins de points que si vous étiez à temps plein.

#3 Faire une rupture conventionnelle

Se quitter d’un commun accord, on dit que c’est moins douloureux… Mais est-ce qu’il n’y en a pas toujours un qui est lésé à la fin ? Si quelques mois seulement vous séparent de votre départ en retraite, alors vous pouvez envisager de toucher vos allocations chômage jusque-là. Mais s’il vous reste plus de temps à travailler, mieux vaut assurer vos arrières pour ne pas vous retrouver le bec dans l’eau avant d’avoir pu ouvrir vos droits. Autre information à prendre en compte : si vous avez atteint l’âge légal de la retraite au moment de la rupture conventionnelle, votre indemnité de rupture sera soumise à l’impôt sur le revenu et aux cotisations sociales, même si vous n’avez pas cotisé assez de trimestres pour obtenir votre retraite à taux plein.

#4 Passer en retraite progressive

Ce dispositif vous permet de réduire votre temps de travail et de recevoir une partie de votre pension de retraite sur votre temps non travaillé. Concrètement, si vous travaillez 4 jours par semaine (soit un temps partiel à 80%), vous gagnez 80% de votre salaire. Mais comme vous êtes en retraite progressive, vous touchez aussi 20% de votre pension de retraite. Cerise sur le gâteau, puisque vous n’êtes pas définitivement en retraite, vous continuez à cotiser des trimestres.

Pour en bénéficier, trois conditions sont requises :
– Être à moins de deux ans de l’âge légal de la retraite (entre 62 ans et 64 ans selon votre année de naissance, tout est détaillé ici),
– Avoir une durée d’assurance supérieure ou égale à 150 trimestres (c’est-à-dire le nombre de trimestres que vous avez cotisés dans votre carrière),
– Exercer une activité à temps partiel entre 40% et 80% d’un temps complet.

Comment demander une retraite progressive ?
  • D’abord, vous pouvez vous rapprocher de votre employeur afin de lui expliquer pourquoi ce dispositif vous intéresse. Une fois qu’il vous a donné son accord et que vous vous êtes entendus sur les modalités, il devra remplir l’attestation employeur de retraite progressive. À noter que depuis la réforme, tout refus de demande de retraite progressive doit être justifié. Concrètement, votre employeur doit prouver que votre poste est incompatible avec le temps partiel que vous demandez.

  • Tout est bon du côté de votre employeur ? De votre côté, vous êtes chargé(e) de remplir le formulaire de demande de retraite progressive. Une notice est prévue pour vous aider à compléter votre demande.

  • Il ne vous reste plus qu’à envoyer ces deux documents à votre Carsat en prenant soin de joindre les justificatifs demandés.

Maintenir un revenu, continuer à cotiser des trimestres, se libérer du temps pour ses projets… La retraite progressive a bien des atouts si vous souhaitez lever le pied. Pas étonnant que Béatrice se soit laissée tenter : « Je me posais beaucoup de questions sur l’aspect financier, donc de ce côté-là c’est rassurant. Et en même temps, ça me permet de rester dans le monde du travail, de garder mon cadre social. » Seul point de vigilance : votre charge de travail doit être adaptée à votre temps de travail. En clair, pas question d’avoir autant de tâches qu’avant et moins d’heures pour les faire.

#5 Utiliser votre compte épargne-temps

Si vous faites partie d’un grand groupe, vous avez peut-être la chance de bénéficier d’un compte épargne-temps. Il s’agit d’une épargne salariale qui vous permet de placer vos périodes de congés ou de repos non prises. En fin de carrière, c’est le moment idéal pour vous en servir : pour cesser progressivement votre activité, ou pour y mettre un terme tout en restant indemnisé(e). Si votre vous le souhaitez, et en accord avec votre employeur, vous pouvez également bénéficier d’une rémunération en contrepartie des congés non posés.

Quelles conditions ?
  • La mise en place d’un compte épargne-temps dans l’entreprise n’est pas obligatoire. Lorsque ce dispositif est adopté, ses dispositions sont fixées par convention ou par accord d’entreprise. Bien sûr, vous n’êtes pas obligé(e) de l’utiliser… Mais après tout, pourquoi s’en priver ?

Bernard, qui a profité de son compte épargne-temps pour réduire son temps de travail, n’y a trouvé que des avantages : « Pendant une bonne partie de ma carrière, le rythme a été assez soutenu et je n’ai pas pu profiter de tous mes congés. Quand j’ai eu 60 ans, je me suis dit que ce serait bien de lever un peu le pied. J’en ai parlé à mon employeur, et on a convenu que je travaillerais 3 jours par semaine au lieu de 5. Avoir plus de temps pour moi sans aucune baisse de salaire, c’est vraiment plaisant. »

#6 Faire un mécénat de compétences

Vous voulez profiter de votre fin de carrière pour découvrir de nouveaux horizons ? Le mécénat de compétences est peut-être fait pour vous. Ce dispositif vous permet de participer à un projet d’intérêt général pour une association sur vos heures de travail, à temps partiel ou à temps complet.

Comment mettre en place un mécénat de compétences ?
  • Si votre entreprise a déjà un programme de mécénat de compétences :
    Vous pouvez commencer par vous rapprocher du service des ressources humaines de votre entreprise. Ensemble, vous allez cadrer le projet : choix de l’association, format du mécénat (quelques heures par semaines, plusieurs jours par mois, ou à temps complet), etc. Une fois que tout sera cadré, vous pourrez compléter puis déposer votre dossier.

  • Si votre entreprise n’a pas encore de programme de mécénat de compétences :
    Vous pouvez en discuter avec votre employeur et lui présenter les nombreux intérêts du dispositif : renforcer la motivation, améliorer l’image de l’entreprise ou encore ouvrir à une réduction d’impôts.

Pour Eric, le mécénat de compétences a été l’occasion de gagner en sérénité : « Chaque année, j’avais la trouille de me faire virer, car il y avait des plans sociaux tous les 12-18 mois, et je sais que c’est difficile d’être recasé après 50 ans. Avec le mécénat de compétences, je n’ai plus ce stress-là. En plus, je me sens vraiment utile, j’ai l’impression d’apporter quelque chose à mon association avec l’expérience que j’ai acquise. C’est la meilleure décision que j’ai prise. »

Et maintenant ?

Savoir qu’il existe des dispositifs pour lever le pied, c’est rassurant… D’ailleurs, selon votre situation, peut-être qu’il y a encore d’autres options. Mais ce n’est jamais évident de trouver celle qui vous correspond. Avec le parcours Alphonse, on vous aide à faire le point sur vos expériences passées et à mettre des mots sur vos envies futures pour viser au plus juste. Pendant 10 semaines, on vous accompagne dans votre réflexion pour vous permettre de ralentir le rythme tout en restant dans le bon tempo. Si vous voulez en savoir plus, on vous invite à prendre rendez-vous avec nous.

Pour aller plus loin
  • Vous vous interrogez sur l’utilité d’un bilan de compétences en fin de carrière ? On vous donne des éléments de réponse dans cet article.

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