Le travail et sa place dans nos vies
Parmi les centaines de participants à notre bilan de compétences, nombreux sont ceux qui se sont rendus compte que le travail prenait une place (trop) centrale dans leur vie. “Workaholism”, un mélange de “work” (travail) et “alcoholism” (alcoolisme), est un concept utilisé pour évoquer une addiction au travail au détriment de sa vie personnelle. Ce phénomène provient à la fois de facteurs individuels (par exemple le perfectionnisme, le besoin de reconnaissance sociale, de se sentir valorisé, un métier vécu comme une vocation…) et de facteurs liés à la structure (culture de l’hyperperformance, poste à responsabilité, culture de l’urgence, un responsable toxique…).
Des accros au travail, on en compte par milliers en France. Et particulièrement chez les “populations jeunes et les seniors qui surinvestissent leur emploi par peur de le perdre. Ou encore les femmes qui sont particulièrement touchées car elles doivent en faire davantage que les hommes pour parvenir aux mêmes responsabilités” explique Alexis Peschard, addictologue.
Le problème ? C’est que cela peut entraver notre bien-être et nos relations. En effet, “pour ces profils, l’identité personnelle ne se définit qu’à travers les succès professionnels” explique la psychologue Elsa Andron. Conséquence ? La peur d’être déboussolé en arrivant à la retraite avec tout ce temps rendu disponible par l’arrêt du travail.
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Prendre du recul sur votre rapport au travail
“Cela n’a pas été facile de voir que le travail prenait autant de place dans ma vie. Je le savais mais l’écrire ça m’a vraiment permis d’en prendre conscience concrètement. J’ai vu à quel point ça a absorbé ma vie. C’est ce qui m’a permis ensuite de lâcher du lest pour ma fin de carrière” explique Rose-Marie.L’idée n’est pas de tout abandonner mais de décortiquer votre fonctionnement et votre façon de travailler. Pour cela, plusieurs outils peuvent vous aider :
– notre article Faire le point sur son travail : pourquoi et comment ? On vous partage 8 questions à vous poser pour savoir où est votre curseur et pouvoir agir en fonction.
– l’outil Workoscope. Le concept ? 10 minutes et 60 questions pour avoir une grille de lecture et mieux comprendre où vous vous situez vis-à-vis du travail.“Me poser ces questions m’a permis de prendre du recul sur ce que le travail m’a apporté et sur ce que je serai bien contente d’arrêter” raconte Pascal.
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Mettre en place des pauses dans vos journées
Pour pouvoir réfléchir à d’autres activités vous procurant du plaisir, il faut d’abord vous octroyer des moments de pause dans vos journées : à la fois pour prendre soin de vous et pour mettre les tracas de la vie professionnelle de côté.
Comment ? “En faisant entrer des émotions positives dans son quotidien. Elles vont permettre de décrocher peu à peu” explique le psychothérapeute Michel Lejoyeux. Prendre l’air durant une balade à la pause déjeuner, un trajet en vélo plutôt qu’en voiture, ¼ d’heure de lecture, écouter de la musique pendant 10 minutes sans rien faire d’autre, manger avec des personnes extérieures à votre travail… sont autant d’expériences agréables qui vous aideront à laisser derrière vous les soucis du travail.
Pour que vos pauses ne soient pas perturbées, on vous conseille de couper toute communication possible avec le bureau durant ces moments (en désactivant les notifications de votre téléphone par exemple).
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Vous engager dans d’autres activités
L’astuce de Rose-Marie pour contourner la peur d’un agenda vide ? “Réfléchir à d’autres types d’activités qui seraient non pas du travail mais une forme d’engagement. Le bilan de compétences m’a aidé à cogiter et à voir la retraite positivement. Maintenant c’est un horizon lumineux.”
Pour (re)donner du sens à vos journées autrement que par le travail, rien de mieux que d’avoir d’autres activités. Vous pouvez commencer par vous demander : quelles sont les choses qui me font sourire / me sentir bien ou qui me donnent du plaisir ?
Se remettre au sport, faire partie d’une association avec de nouvelles personnes, démarrer une activité créative…Tout est bon pour occuper votre esprit, déconnecter du travail et casser la routine. En effet, ce type d’activités génèrent des endorphines permettant au cerveau de décrocher, de rester concentré et de faire ressortir vos émotions.
En bonus, voici 3 outils qui pourraient vous aider à y voir plus clair sur vos envies :
– notre article Comment comprendre ce qui nous anime,
– notre article Comment donner du sens à sa retraite,
– notre rubrique “Activités”. Cultiver votre curiosité, prendre soin de vous, transmettre ce que vous savez, vous engager pour la planète ou pour les autres… À vous de voir ce qui vous botte.
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Vous inspirer d’autres parcours
Vous nourrir des exemples des autres est important pour vous rassurer et vous motiver. Pour Pascale “c’est aussi l’occasion d’ouvrir le champ à des idées qu’[elle] n’avait pas forcément envisagées au départ.” Personnes connues, collègues, cousin, voisin… Creuser leurs parcours peut vous donner des idées et vous permettre de vous fixer des objectifs en dehors du travail.
Autre astuce à mettre en place : durant votre petit déjeuner, dans les transports, sur le chemin du retour…On vous conseille de lire, de regarder ou d’écouter des histoires inspirantes d’autres personnes. Podcasts, livres, documentaires, il y en a pour tous les goûts. Voici 2 ressources que l’on aime particulièrement dans l’équipe :
– Les vidéos Oldyssey : un projet dans lequel Julia et Clément dressent le portrait de héros grisonnant·es aux 4 coins du monde.
– Le podcast Transfert : toutes les semaines, Transfert vous raconte une histoire vraie, excitante, prenante, émouvante, et en creux le monde moderne et ceux qui l’habitent.
Vous n’avez plus qu’à vous laisser embarquer.
Si penser à autre chose qu’au travail vous paraît trop compliqué, vous pouvez également faire appel à des spécialistes qui vous accompagneront pour aller de l’avant. C’est notamment ce qu’a fait Marie : “depuis que je suis suivie par un psychiatre, j’ai pris conscience que le travail n’était pas la vie et qu’il y avait d’autres domaines pour lesquels j’étais douée. Et surtout, cela m’a donné envie d’oser de nouvelles choses.”
Une dernière citation pour la route, celle de Françoise qui croque la vie à pleines dents depuis qu’elle est à la retraite : « régulièrement je me dis que c’est chouette de ne pas avoir de stress du style « est ce que j’ai bien fait ? »
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Un peu de lecture : comme on le disait, le travail occupe une place importante dans nos vies. Mais en fait pourquoi se définit-on par notre travail ? Et comment gérer ce potentiel sentiment de “perte d’identité” une fois retraité ? On a réfléchi à tout cela avec des experts et des jeunes retraités dans notre article Comment tourner la page de sa vie professionnelle.
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Un peu de vidéo : 3 pistes simples pour retrouver du sens dans sa vie, un chouette témoignage dans lequel le docteur en neurosciences Sébastien Bohler explique les conflits de sens et propose des pistes pour mieux s’en sortir.